mon monde

lundi 23 février 2009

MYSTERIEUSES

MYSTERIEUSES
Vidéo envoyée par Chanteplume

L'ANGE ET LA FÉE.

Une fée est cachée en tout ce que tu vois.
VICTOR HUGO.

Une fée parfume la nuit mon sommeil fantastique des plus
fraîches, des plus tendres haleines de juillet, - cette même bonne fée
qui replante en son chemin le bâton du vieil aveugle égaré, et qui
essuie les larmes, guérit la douleur de la petite glaneuse dont une
épine a blessé le pied nu.

La voici, me berçant comme un héritier de l'épée ou de la
harpe, et écartant de ma couche avec une plume de paon les esprits qui
me dérobaient mon âme pour la noyer dans un rayon de la lune ou dans
une goutte de rosée.

La voici, me racontant quelqu'une de ses histoires des vallées
et des montagnes, soit les amours mélancoliques des fleurs du
cimetière, soit les joyeux pèlerinages des oiseaux à
Notre-Dame-des-Cornouillers.

*
* *

Mais tandis qu'elle me veillait endormi, un ange, qui
descendait les ailes frémissantes, du temps étoilé, posa un pied sur la
rampe du gothique balcon, et heurta de sa palme d'argent aux vitraux
peints de la haute fenêtre.

Un séraphin, une fée, qui s'étaient enamourés naguère l'un de
l'autre au chevet d'une jeune mourante, qu'elle avait douée à sa
naissance de toutes les grâces des vierges, et qu'il porta expirée dans
les délices du Paradis!

La main qui berçait mes rêves s'était retirée avec mes rêves
eux-mêmes. J'ouvris les yeux. Ma chambre aussi profonde que déserte
s'éclairait silencieusement des nébulosités de la lune; et le matin, il
ne me reste plus des affections de la bonne fée que cette quenouille:
encore ne suis-je pas sûr qu'elle ne soit pas de mon aïeule.

extrait de
Gaspard de la NUIT

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